Saint Aubin de Poitiers
En 1834 parut l’un des plus extravagants textes de la période romantique, Un Roman pour les cuisinières d’Émile Cabanon. Dès 1865, il était considéré comme introuvable (Asselineau, Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique) et demeura depuis lors un objet de convoitise pour les bibliophiles.
Comme le prévoyait Pierre Larousse dans un long article qu’il lui consacra en 1875 dans son Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, aucune réédition ne fut possible en ce siècle où la censure s’attaquait aux Fleurs du mal et à Madame Bovary, et il fallut attendre la fi n du XXe siècle pour que le livre reparaisse enfin (Corti 1962 et 1993, Slatkine 1973). Mais depuis, aucun travail sérieux ne fut mené pour en élucider les mystères, ni même pour éclaircir les nombreuses allusions qui fourmillent dans ce « brûlot de l’école romantique ».
C’est en faisant des recherches sur une de ces allusions, l’étrange évocation d’un vaudeville inédit datant d’avant « la Révolution cadette », vaudeville au « grotesque pyramidal » intitulé La Coupe de cheveux dont « le tout Paris dramatique parla pendant deux jours », que s’est constituée cette note de bas de page démesurée. Car ce « vaudeville excessif » pose à son tour de nombreuses questions, et s’il est certain que la lecture de La Coupe de cheveux, dont nous avons exhumé le manuscrit, ravira tous les amateurs de Cabanon, l’identité de son auteur laissera sans doute perplexes de nombreux spécialistes ; en effet, toutes les pistes que nous avons suivies mènent invariablement à Balzac.
C’est donc l’ensemble du dossier sur cet extrait d’Un Roman pour les cuisinières qui est publié ici, le texte de la pièce, les nombreux articles de journaux qui relatèrent «l’événement», ainsi que tous les éléments de l’enquête en paternité littéraire de ce vaudeville dont le propos visait sans doute à la même dérision envers le théâtre que plus tard le roman de Cabanon pour la littérature contemporaine.
Saint Aubin de Poitiers,
La Coupe de cheveux, (édition et notice, J.-J. Tomasso)
Paris, La Rose de Java, 2009, in-16, 144 p., broché, couverture à rabats.
Édition originale sur papier Ingres vergé, tirée à 224 exemplaires, dont 24 hors-commerce.
ISBN 978 2 95311181-1 – 35 €